intoxication vegetale
LES INTOXICATIONS D'ORIGINE VEGETALE CHEZ LE CHIEN
Vous ne le savez peut-être pas, mais votre jardin ou votre maison recèlent parfois de poisons extrêmement toxiques pour vos chiens qui malheureusement, aiment à mâchonner les plantes d'ornement. Ces intoxications d'origine végétale peuvent être graves. | |
Ill convient donc d'éliminer de l'environnement des chiens les quelques végétaux que nous allons citer même si cette liste n'est pas exhaustive. Et, en cas de malheur, nous vous indiquerons au cas par cas les premiers gestes à accomplir avant d'aller chez le vétérinaire. IMPORTANCE DES INTOXICATIONS PAR LES VEGETAUX Il existe dans les Ecoles Nationales Vétérinaires des centres spécialisés dans les intoxications animales. Ils sont regroupés sous le vocable CNITV (Centre National d' Informations Toxicologiques Vétérinaires). D'après les statistiques fournies par ces centres, et en particulier celui de Lyon, on estime que 4% environ du total d'intoxications rapportées chez le chien et le chat font intervenir des végétaux. Les végétaux sont loin derrière les pesticides (près de 50%), les médicaments et les polluants. Parmi les familles botaniques les plus souvent en cause, on citera dans l'ordre les Euphorbiacées, les Liliacées, les Solanacées, les Aracées, les Ficacées, les Rosacées, Cannabacées et Apocynacées (rassurez-vous, nous ne sommes pas meilleurs botanistes que vous et des illustrations vont vous permettre de reconnaître ces plantes). Les résultats du CNITV mettent en avant la très nette prédisposition des jeunes animaux à ces intoxications : 70% des intoxiqués ont moins de un an. Ceci s'explique facilement par la curiosité naturelle des chiots qui ont de plus tendance à mâchonner tout ce qui passe à leur portée. INTOXICATIONS PAR LES ARACEES Comme l'indique le tableau I, le genre Dieffenbachia est largement en tête dans cette famille. Les Dieffenbachia sont des plantes d'ornement extrêmement répandues, facilement reconnaissables (cliché 1) Cette plante contient (principalement dans les tiges) des substances toxiques appelées monohydrate d' oxalate de calcium, acide oxalique, sels d' oxalates, dumbacaine. Les molécules d' oxalates se retrouvent sous la forme de cristaux microscopiques qui pénètrent les tissus vivants, facilitant la diffusion de la dumbacaine. Par ailleurs, la sève des Dieffenbachia contiendrait des substances enzymatiques non encore identiflées. L'animal intoxiqué présente les signes suivants : - signes digestifs (les plus fréquents) : vomissements, diarrhée, hypersalivation, anorexie (absence d'appétit), ulcérations de la bouche. - Signes nerveux (plus rares) : tremblements musculaires, dilatation des pupilles, incoordination motrice. - Signes urinaires (inconstants) : néphrite, sang dans les urines, augmentation de l'urémie. - Signes respiratoires (rares) : dyspnée (le chien semble avoir du mal à respirer). Devant toute suspicion, il convient de présenter de toute urgence le chien à un vétérinaire. Avant cela, on pourra laver abondamment la gueule de l'animal à l'eau tiède, afin d'éliminer le plus possible de substances toxiques. Le vétérinaire décidera en fonction de l'état de l'animal de la nécessité d'un lavage gastrique, et administrera éventuellement des anti-inflammatoires, des pansements gastriques. Cliché 1 : Dieffenbachia picta, reconnaissable à ses feuilles marquées de blanc. |
TABLEAU 1 : REPARTITION DES INTOXICATIONS PAR FAMILLE DE VEGETAUX. -Aracées :
- Liliacées
- Solanacées (ces chiffres regroupent chiens et chats)
- Euphorbiacées
- Rosacées:
- Ficacées : Ficus (100%)
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Dans la famille des Aracées, on retiendra également l'intoxication par le Philodendron (cliché 2). Cette plante se présente sous différentes formes très variées: on en dénombre plus de 120 espèces.
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Cliché 2 : Philodendron elegans, une des espèces les plus répandues.
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Comme Dieffenbachia, Philodendron contient des oxalates qui entraînent des troubles digestifs essentiellement. Parmi les autres Aracées responsables d'intoxications, citons encore : * l'Arum d' Ethiopie (Zantedeschia aethiopica) encore appelé "Perle de Stuttgart". Cette plante est le plus souvent proposée par les fleuristes sous forme de fleurs coupées entrant dans la composition de bouquets. Elle contient aussi des oxalates mais, de plus, des substances toxiques appelées alcaloïdes et saponosides. Après contact, on note une irritation de la peau, un gonflement (oedème) de la cavité buccale, des troubles digestifs (vomissements, diarrhée), de la somnolence et même un coma. Le chien intoxiqué présente de violentes douleurs abdominales. Le traitement est symptomatique (cela veut dire qu'il n'est pas spécifique mais que le vétérinaire lutte contre les symptômes). * Syngonium podophyllum provoque également des troubles digestifs et de l'abattement. * Anthurium (rarement impliqué) provoque des vomissements. * Scindapsus aureus est aussi à l'origine de troubles digestifs. |
Cliché 3 : Zantedeschia aethopica ou Arum d'Ethiopie. |
INTOXICATIONS PAR LES LILIACEES D'une manière générale, ces plantes contiennent des substances toxiques appelées saponosides, hétérosides cardiotoxiques (toxiques pour le coeur) ou encore alcaloïdes. * Le muguet : il contient un hétéroside toxique appelé convallatoxine. La toxicité s'exprime essentiellement sur le muscle cardiaque : flbrillation, tachycardie (battements trop rapides du coeur). Avant cela, cependant, on notera des vomissements, une diarrhée, une hypersalivation. Il semblerait que cette intoxication soit plus fréquente chez le chat que chez le chien. Le vétérinaire dispose d'un antidote spécifique, l'atropine (à utiliser sous contrôle médical strict), et conseillera éventuellement un lavage gastrique ou l'administration de charbon activé. Parfois, la pose d'une perfusion permettra à l'animal d'éliminer plus rapidement les toxiques. * L'oignon : peu d'éleveurs le savent mais l'oignon que nous utilisons en cuisine est toxique chez le chien : il faut absolument mettre les oignons hors de portée des chiens et ne jamais leur donner des restes d'un repas cuisiné avec des oignons. L'oignon de cuisine (Allium cepa) contient en effet du disulfure d'allyl propyl qui agit au niveau des globules rouges ou hématies : il oxyde l'hémoglobine (pigment du sang) et la transforme en méthémoglobine. Cela va se traduire par une anémie sévère, caractérisée par une pâleur des muqueuses. Inconstamment, on notera des vomissements, une diarrhée, des convulsions, des troubles locomoteurs. Le traitement est encore non spécifique : faire boire l'animal (éventuellement, perfusion), administration de fer et vitamines, éventuellement transfusion chez un animal très atteint. * Bulbes de plantes ornementales : tulipes et jacinthes sont toxiques sous forme de bulbes. Elles provoquent des signes digestifs ou nerveux. * La colchique : plante sauvage fleurissant à l'automne, elle contient un alcaloïde nommé colchicine qui provoque des troubles digestifs et hématologiques. * Pour compléter cette famille, notons la toxicité de : - Asparagus species : provoque une hypersalivation et des machonnements.
Cliché 7 : Différentes espèces d'Asparagus - Sanseveria trifasciata : ce sont des plantes très répandues, qu'affectionnent notamment nos voisins belges. Ils provoquent des troubles digestifs également, l'intoxication est bénigne.
Cliché 8 : Différentes espèces de Sanseveria - Yucca species : troubles digestifs, signes nerveux et parfois coma.
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Cliché 4 : Syngonium.
Cliché 5 : Anthurium.
Cliché 6 : Scindapsus aureus. |
INTOXICATIONS PAR LES SOLANACEES Nous envisagerons seulement l'intoxication, fréquente, par le Pommier d'Amour (Solanum). Ces petits arbustes ornementaux portent des fleurs puis de petits fruits toxiques. Les fruits contiennent des alcaloïdes toxiques appelés solanine et solanocapsine qui ont un effet dépresseur sur la fonction cardiaque. Un électrocardiogramme sera éventuellement réalisé. Dans près de la moitié des cas, on note des vomissements, de la diarrhée et une hypersalivation. Dans 40% des cas environ, on notera des troubles nerveux (abattement, convulsions, troubles locomoteurs, coma, mort). Le vétérinaire fera vomir l'animal si l'absorption est récente, ou envisagera un lavage gastrique ou l'administration de charbon activé. Eventuellement, des tranquillisants peuvent être nécessaires. |
Cliché 9 : Vue de l'inflorescence de Solanum wendlandii (Pommier d'amour). |
INTOXICATIONS PAR LES EUPHORBIACEES * Le ricin Les intoxications par cette famille de plantes sont dominées par la toxicité du ricin qui comporte de nombreuses variétés cultivées pour leurs graines oléagineuses ou pour leurs caractéristiques ornementales. Le toxique est appelé ricine et se trouve dans la graine en développement et également dans le tourteau de ricin qui est utilisé comme engrais dans certaines régions. Elle provoque une hépatonéphrite gravissime. On note des vomissements, de la diarrhée, une prostration, etc. A noter que les symptômes peuvent apparaître plusieurs heures voire plusieurs jours après l'ingestion du toxique. Le traitement est ici encore purement symptomatique (charbon, perfusion, lavage d'estomac). C'est l'intoxication la plus grave parmi toutes celles décrites dans cet article. * Autres euphorbiacées - Le croton (Codiaeum variegatum) On retrouve avec cette plante ornementale des troubles essentiellement digestifs (vomissements, diarrhée), des tremblements musculaires, une dilatation des pupilles, des brûlures de la bouche. - La Poinsettia (Euphorbia pulcherrima) C'est une plante ornementale extrêmement répandue et très populaire. Elle entraîne par contact des troubles locaux (conjonctivite, dermatite). En cas d'absorption, on observera des vomissements et de la diarrhée. Pansements gastriques et éventuel lavage d'estomac constituent le traitement de cette intoxication bénigne | Figure n°1 :Ricinus communis : rameau fleuri et graine.
Cliché 10 : Une variété de Croton.
Cliché 11 :Poinsettia, une plante ornementale très répandue. |
INTOXICATIONS PAR LES ROSACEES La plupart des arbres fruitiers font partie de cette famille. Les toxiques sont essentiellement localisés dans les amandes des fruits ou dans les pépins. Leur transformation dans l'organisme aboutit à la formation d'acide cyanhydrique. Parmi les intoxications les plus courantes par des plantes de cette famille, il convient de citer celle par le laurier cerise, une plante ornementale qui entre dans la formation des haies décoratives. Prunus laurocerasus (son nom latin) est aussi appelé selon les régions laurier cerise, laurier amandier, laurier royal, laurier aux crèmes, ou laurelle à lait. Les parties les plus dangereuses sont les feuilles fraîches et les fruits qui contiennent des toxiques qui se transforment en acide cyanhydrique (cyanure) dans l'organisme. L'intoxication est souvent bénigne vomissements, diarrée parfois hémorragique, gêne respiratoire quand l'absorption a été limitée. Mais en cas d'ingestion d'une forte dose, on a observé des morts foudroyantes en quelques minutes, précédées par des tremblements, des convulsions, une raideur des membres. Des antidotes spécifiques (bleu de méthylène, sels de cobalt) sont disponibles sous contrôle vétérinaire, mais l'issue est fatale en cas d'absorption massive, avant méme qu'on puisse tenter de soigner l'animal. |
Figure n°2 : Rameau fleuri de laurier cerise.
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INTOXICATIONS PAR LES FICACEES On retrouve ici les ficus d'appartement, plantes décoratives, et le figuier que l'on trouve surtout dans le sud de la France. Ces plantes partagent entre elles des principes toxiques communs : c'est en général leur latex qui est irritant pour l'appareil digestif et on retrouve, ici encore, une grande prédominance des symptômes digestifs (vomissements, diarrhée, hyper-salivation) suivis des symptômes nerveux. Le traitement est toujours symptomatique charbon activé, lavage gastrique, etc INTOXICATION PAR LE CHANVRE INDIEN (CANNABIS) Cette intoxication est sans aucun doute beaucoup plus fréquente qu'on ne le croit : les amateurs de haschich répugnent en effet, pour des raisons bien compréhensibles, à rapporter à leur vétérinaire la cause et les conditions de l'intoxication de leur animal. Le principe toxique est dans ce cas le tétrahydrocannabinol qui va reproduire chez le chien les signes recherchés par son propriétaire. Le chien peut absorber boulettes ou plaquettes de haschich, rarement la plante elle-même qui, cultivée sous nos latitudes, n'exprime qu'imparfaitement ses propriétés hallucinogènes. Le chien erre sans but, semble ne plus comprendre les ordres, se déplace avec des mouvements instables, se cognant sur les meubles et contre les murs. Parfois, il tombe sur le sol. Il alterne des moments d'excitation et de torpeur. Le rythme cardiaque et respiratoire est ralenti, la récupération est en général spontanée après une phase de sommeil profond. Le vétérinaire, s'il est averti de la nature du toxique, proposera du charbon activé et parfois des neuroleptiques pour calmer une excitation éventuelle. Il peut également avoir recours à des stimulents cardiorespiratoires pour soutenir les grandes fonctions. Il convient de noter que le simple fait de souffler dans les narines du chien la fumée d'un "joint" peut suffire à entraîner des troubles. |
Cliché 12 : Quelques variétés de Ficus : Ficus elastica, Ficus elastica "variegata", Ficus radicans, Ficus pumila. |
INTOXICATIONS PAR LES APOCYNACEES Ces plantes sont généralement d'origine tropicale. Dans nos contrées, nous connaissons surtout le laurier rose (Nerium oleander). Toutes les parties de la plante sont vénéneuses (bois, écorce, feuilles et fleurs). Les substances toxiques contenues dans ce végétal sont nommées oléandroside, nérioside et nérianthoside. Ce sont des molécules cardiotoxiques à très faibles doses. A noter que la fumée qui se dégage de la combustion de bois ou de feuilles de laurier rose est également toxique. Ici encore, les symptômes digestifs prédominent avec diarrhée, vomissements et hypersalivation. Suivent les symptômes nerveux (convulsions, tremblements musculaires) et cardiaques (arythmies et perturbations extrémement graves de la conduction que les vétérinaires appellent bloc auriculo-ventriculaire). Une mort brutale après quelques signes de vomissements n'est pas à exclure. Le vétérinaire, après avoir effectué un lavage gastrique ou après avoir fait vomir le chien, utilisera des thérapeutiques cardiovasculaires spécifiques. |
Cliché 13 : Le laurier rose ou Nerium oleander variété Plenum |
POUR CONCLURE Les intoxications d'origine végétale sont donc potentiellement graves chez le chien. Même si notre liste n'est pas exhaustive, il convient d'éliminer de l'environnement toutes les plantes que nous avons citées, en particulier chez les éleveurs puisqu'elles sont volontiers absorbées ou mâchonnées par des chiots gloutons et imprudents. La visite chez le vétérinaire s'impose dans tous les cas. Il provoquera des vomissements si la plante a été absorbée récemment, proposera éventuellement un lavage gastrique et utilisera, s'il existe, un antidote spécifique. Faute de quoi il mettra en oeuvre un traitement symptomatique pour soutenir les grandes fonctions. Comme nous l'avons constaté, à la maison, il n'y a pas grand chose à faire sauf, peut-être donner à l'animal du charbon activé qu'on peut garder en réserve (en vente en pharmacie). On constatera en dernier lieu que les plantes d'appartement et les chiens ne font pas toujours bon ménage. Le cynophile averti, par ailleurs, évitera de décorer son jardin avec les espèces précitées.
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